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Top 5 des hold up manqués de Jean-Philippe – Partie 1

Jean-Philippe Rousseau 0

Tous les bandits ne sont pas des Arsène Lupin en puissance, loin s’en faut. Parfois, on dénote un flagrant manque de préparation, pour d’autres, c’est plutôt la chance qui est aux abonnés absents, voire même à l’occasion, c’est une accumulation d’étourderies qui transforme ‘le casse du siècle’, en un pathétique spectacle tragi-comique. S’il ne s’agissait pas de crimes, on pourrait même en rire… mais hélas, ce n’est pas toujours drôle.  

À force d’accumuler ce genre d’anecdotes et d’histoires, Annie Richard et moi avons eu l’idée de parler de nos cas préférés. Pour connaître le Top 5 d’Annie, je vous invite à aller lire son blog “Dépoussiéreuse de crimes”, en suivant ce lien : Top 5 des hold up manqués d’Annie (Partie 1).

Voici mon premier Top 5 :

    1. Ce n’était pas leur journée : enchaînement de badlucks Place Laurier
    2. Hold up poivré
    3. L’épicier-justicier de la rue Drolet
    4. Un biscuit avec ça ?
    5. Partisan du moindre effort

Ce n’était pas leur journée :
Enchaînement de badlucks Place Laurier

Par une matinée d’été de 1969, dans le centre d’achats Place Laurier à Sainte-Foy, ce sont cinq individus qui surgissent, cagoulés et armés, dans la succursale de la Banque de Montréal. Et quand je dis “surgissent”, c’est pas peu dire, puisqu’ils fracassent littéralement la porte de l’agence bancaire à coups de barre de fer.

Hold up de la Place Laurier de Sainte-Foy
Le Soleil, 22 juillet 1969 (Source : BAnQ)

Malheureusement pour nos bruyants bandits, les employés de la banque, les voyant ainsi arriver, ont pu mettre à l’abri le plus gros de l’argent et ont même eu le temps de tirer et de verrouiller le rideau métallique de la voûte en s’y enfermant ainsi eux-mêmes.

Un peu énervés, on peut le comprendre, les voleurs tirent à plusieurs reprises dans la serrure du rideau qui les séparaient maintenant de leur convoité butin. Sans grand succès.

Dépités, nos cinq larrons se contentent alors des restants et s’emparent des 5,000$ qui garnissaient généreusement les tiroirs-caisses. (Ce montant fut d’ailleurs revu plusieurs fois à la hausse, puisque le lendemain on parlait déjà de quelque 10,000$ et au moment du procès le magot était passé à près de 20,000$).

Mais pour ce qui est de leur fuite, elle ne fut pas beaucoup plus chanceuse.

Ayant pris la poudre d’escampette, ils tombèrent nez-à-nez sur deux femmes qui, sans doute un peu surprises, n’ont peut-être pas eu la présence d’esprit de promptement libérer leur chemin. Les jugeant sans doute pas assez réactives, l’un des fuyards fît usage de son arme afin de les effrayer. Mais le projectile, peut-être à la faveur d’un ricochet capricieux, ira se loger dans la cuisse d’un des quatre autres complices. Le Soleil du 22 juillet 1969, parle plutôt d’une blessure “en bas de l’abdomen”.

Qu’importe, devant désormais composer avec un blessé, ils finissent néanmoins par rejoindre l’un de leur véhicule.

Mais comme vous vous en doutez, leur escapade Place Laurier ne se termine pas là. Pour une raison qui m’échappe encore (je vous rappelle que nous sommes en plein jour, au mois de juillet), ils perdent rapidement le contrôle de leur camionnette, qui finit par lourdement embrasser un poteau sur le bord de la route.

Et devinez quoi ? Le (déjà) blessé par balle, fut éjecté du véhicule au moment de l’impact. Et comble de malchance (pour les bandits s’entend), c’est avec une partie de l’argent qu’il se retrouva catapulté sur le sol.

À partir de là, les informations sont un peu contradictoires. Mais ce que l’on sait, c’est que le blessé fut laissé sur place à son sort et que les autres complices purent s’enfuir dans d’autres véhicules précédemment volés à Montréal.

Évidemment, les policiers n’auront aucun mal à appréhender le voleur qui saignait abondamment, ont pu récupérer une partie de l’argent, ainsi que l’une des armes utilisées par les malfrats.

C’est dans le Soleil du 26 septembre de la même année, que l’on apprend que les complices ont été arrêtés et qu’ils ont été conduits devant le juge. Il faudra attendre le mois de décembre 1969, pour connaître la décision du tribunal. Dans le cas du blessé malchanceux, il écopera de cinq ans de prison, trois de ses complices seront acquittés faute de preuve (ils purgeront tout de même une peine pour s’être évadés). Quant au cinquième, il fut jugé et condamné à la prison à vie l’année suivante, au sujet d’une précédente affaire de vol à main armé à Toronto.

 

Hold up poivré

Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de bizarreries que l’on rencontre, parfois… que dis-je, souvent même, quand il s’agit de vol et de crimes. Malgré tout, on arrive encore à être surpris et à se demander “mais qu’avait donc en tête les criminels pour agir de la sorte ?”

Décembre 1960, trois hommes entrent dans un restaurant du 4397 avenue de l’Hôtel-de-Ville, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal à Montréal. Ils y commandent de la soupe… c’est le mois de décembre, c’est l’hiver, ils veulent une soupe. Rien de plus normal jusque-là.

Là où cela se corse, c’est qu’au moment d’apporter leur soupe, le restaurateur se fait, copieusement, “poivrer” par les individus.

Oh ! Puis je vous vois venir ! Non, non, on ne parle pas ici de ce fameux “poivre de cayenne”, ce même “poivre” utilisé par les forces de l’ordre, aux fins de contrôle des foules au centre-ville, après une victoire de la Sainte-Flanelle, durant les séries éliminatoires.

La Presse, 23 décembre 1960 (Source : BAnQ)

Ne-non ! Il se trouve que nos trois gastronomes, ont tout simplement utilisé le poivre qui se trouvait dans le restaurant et l’aurait “pitché” à la face du commerçant. Oui, juste de même…

Sans doute très surpris, comme nous, de se faire ainsi assaisonner par des clients, le restaurateur se fit promptement soulager des 68$ présents dans sa caisse.

Les trois individus ont été arrêtés et ont comparu devant le juge. Deux d’entre-eux n’en étaient d’ailleurs pas à leur première incartade.

Après le poivre noir, nous attendons donc avec une certaine fébrilité, l’attaque à la moutarde jaune dans un Déli, la séquestration d’un vendeur de foire à l’aide de barbe-à-papa ou encore le “molestage” d’employé de dépanneur à coups de Mr. Freeze.

 

L’épicier-justicier de la rue Drolet

Janvier 1954, au 3911 de la rue Drolet à Montréal, se trouvait une épicerie jouxtant un logement, dans cette rue assez tranquille située au sud du Plateau-Mont-Royal, à une époque où l’on y croisait beaucoup plus des ouvriers, que des hipsters sirotant leurs équitables espressos.

John Share, l’épicier de 48 ans, “rebaptisé” Jacob Sharpe ou encore Jack Share dans certains médias de l’époque, remarqua un véhicule stationné dans la rue. Ses deux occupants restaient à l’intérieur depuis quelques minutes à observer dans la direction de l’épicerie, sans doute pour s’assurer qu’il était seul.

Au moment où les deux individus sortirent de leur voiture, John Share flaira le danger et glissa instinctivement un marteau sous son comptoir.

Ses craintes furent rapidement confirmées : dès que les deux visiteurs pénétrèrent dans l’épicerie, l’un d’eux sortit une arme en lui signifiant qu’il s’agissait d’un hold up et qu’il souhaitait s’emparer du contenu du tiroir-caisse.

D’un seul mouvement, l’épicier saisit le marteau et le lança en direction du bandit, qui le reçut avec force directement au visage.

Malgré la blessure, le voleur frappa à plusieurs reprises monsieur Share, à l’aide du canon de son arme. Mais ce n’était pas suffisant pour le maîtriser. Ainsi, le courageux épicier continua de se battre, seul, contre les deux malfrats.

Alerté par les cris, son fils Franck, 17 ans, arriva sur les lieux afin d’aider son père en fâcheuse posture. Il avait accouru depuis le logement adjacent au magasin et a eu la présence d’esprit de s’emparer d’un lourd chandelier au passage.

Avec celui-ci, il frappa violemment le porteur de l’arme à la tête. Le coup fut si fort que le chandelier se brisa en plusieurs morceaux sur son crâne.

S’ensuivit une violente lutte durant laquelle le voleur échappa son arme, que saisit immédiatement le jeune homme pour le mettre en joue. Pendant ce temps, madame Share alerta la police par téléphone.

Monsieur Share et son fils furent conduits à l’hôpital pour soigner leurs blessures.

La Presse, 21 janvier 1954 (Source : BAnQ)

John Share n’en était pas à sa première arrestation citoyenne. En effet, moins de deux mois plus tôt, en novembre 1953, il était déjà parvenu à maîtriser un voleur de 18 ans, qui venait de dérober avec un complice, 10$ du tiroir-caisse ainsi que des cigarettes.

Les deux voleurs étaient entrés en disant avoir des armes dans leurs poches. Après s’être emparé de l’argent et des cigarettes et prenant la fuite, monsieur Share sauta sur l’un d’eux pour le maîtriser, en attendant l’arrivée de la police.

Malheureusement, j’ai ensuite perdu la trace de cette courageuse famille et l’épicerie ne semble plus exister aujourd’hui.

 

Un biscuit avec ça ?

Il y a de ces hold up manqués qui sont particulièrement expéditifs. C’est ce qu’il s’est passé fin janvier 1963, au 5864 De Lorimier à Montréal, où un individu a fait irruption, en menaçant le propriétaire d’une arme à feu.

Cela n’a pas pris de temps à ce dernier, d’envoyer un bon coup de poing directement au visage du bandit. Celui-ci ne demanda pas son reste et pris les jambes à son cou, pour disparaître aussi vite qu’il était arrivé.

La Presse, 28 janvier 1963 (Source : BAnQ)

 

Partisan du moindre effort

Les vols, braquages et autres hold up à l’aide d’armes factices sont légion. Je pense que l’on pourrait avoir assez d’anecdotes du genre, afin d’en écrire un livre ou encore d’en faire une longue, très longue série d’articles.

Cependant, dans le cas de celle-ci, il est intéressant de constater qu’il s’agit d’un somptueux mélange entre l’improvisation et le fait que certaines personnes ne font pas le moindre effort pour réussir leur coup.

Mercredi 5 avril 1978, un homme de 33 ans entre dans le Woolworth de Shawinigan en Mauricie, comme n’importe-quel autre client. Il s’adresse ensuite à un employé de l’établissement, lui demandant où se trouve l’allée des jouets.

Une fois dans la bonne rangée du commerce, il s’empara d’un revolver-jouet de plastique chromé, qu’il glissa à sa ceinture de pantalon. Ensuite, c’est vers la caisse du magasin qu’il se dirigea, pointant le jouet qu’il venait de dérober en direction de l’employée. “Donne-moi l’argent. Vite, ça presse. (suivi d’un mot d’église commençant par un T)”.

Le Nouvelliste, 7 avril 1978 (Source : BAnQ)

L’employée surprise lui remet alors 225$. L’improvisé-voleur lui, prit ensuite la fuite, sans doute trop content d’avoir pu réaliser son larcin à moindre frais et sans beaucoup d’efforts.

Ce n’était sans compter la présence d’esprit du directeur de l’établissement qui, sans doute flairant l’arnaque du revolver-jouet, poursuivit le voleur pour lui mettre rapidement la main au collet. Quinze minutes plus tard, le bandit fut amené au poste de police pour y être interrogé.

 

Et pour rappel, pour lire les hold up manqué favoris d’Annie, allez lire sur son blog “Dépoussiéreuse de crimes” : Top 5 des hold up manqués d’Annie (Partie 1).

 


Avertissement

Sauf mention contraire, toutes les recherches et enquêtes de ce podcast sont réalisées par l’équipe de Rétro Crimes : Annie Richard (aka la Dépoussiéreuse de crimes) et Jean-Philippe Rousseau. Les recherches et les analyses demandent un investissement en temps et en argent difficilement calculable. Notre but principal est de faire connaître et surtout, de faire avancer des dossiers souvent oubliés, même si cela ne nous rapporte rien, mis-à-part votre appréciation. Nous vous invitons donc à partager largement nos épisodes et nos enquêtes.

Dans un même ordre d’idées, vous pouvez également vous inspirer de notre travail, afin de parler d’un dossier sur votre blogue, sur votre chaîne YouTube ou dans votre podcast. Cependant, par respect pour notre travail, pour les nombreuses heures que nous avons mis dans l’étude de ces affaires et afin d’éviter qu’une information venant d’un témoin ou d’une personne liée à un dossier puisse se perdre, n’oubliez pas de mentionner la source, Rétro Crimes – Podcast. Nous recueillons, trions et investiguons sur tous les renseignements qui nous sont transmis. Ceci, tout en garantissant, si vous le souhaitez, votre anonymat, dans les limites strictes des lois en vigueur.

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